la balade du self -4-

Nous voici arrivé.es au sommet de notre courbe de Gauss.

Ce sommet correspond à une phase de l'interaction avec notre environnement où la puissance de notre émergence nous a emmené.e, à ce moment particulier, où nous sommes en pleine capacité d'agir sur notre environnement et de nous laisser agir par celui-ci. Cette phase s'appelle le plein contact.

Cette courbe de Gauss et son sommet, le plein contact, correspond à la montée en puissance "idéale" de ma mobilisation vers une interaction dans environnement "idéal" créant ainsi un champ "idéal" à la complétude de mon émergence.

Je ne vous surprendrai pas en vous annonçant qu'il s'agit bien d'un modèle théorique dont la réalité des interactions humaines s'écarte bien souvent ...

A ce propos, petite digression de ma part ... Il n'est pas rare d'illustrer ce fameux déploiement de notre self par cette courbe de Gauss, alors qu'une spirale en 3 dimensions serait plus juste puisque les différentes fonction (ça, je, personnalité) sont présentes, tout comme les résistances, aussi appelées flexions ou fluctuations, sur l'ensemble du cycle et qu'un cycle peu contenir plusieurs cycle en lui même. La courbe de Gauss facilite, certes, la visualisation du cycle et son apprentissage mais il ne l'illustre pas si bien que cela.

L'envie me vient alors de me perdre en conjecture ... vous pouvez donc descendre à cet arrêt et vous rendre directement sur le quai d'embarquement de l'approfondissement de la notion de plein contact, ou me suivre sur mes chemins de traverse, si la curiosité vous en dit.


Pause digressive ...

 

Parlons donc de cette représentation du cycle de contact par la courbe de Gauss.

La courbe de Gauss est le fruit du désir, de mathématiciens, de préciser la façon dont la fréquence se rapproche de la probabilité au cours de nombreuses répétitions d'une même épreuve aléatoire. Je lance un dé et je regarde si la probabilité que le chiffre 6 sorte revêt une certaine constance mesurable. Mettre un peu de prévisibilité, de sens, dans l'aléatoire pouvons-nous dire ... tenter, peut-être, d'atténuer ainsi un peu de l'absurde, de nos impuissances, autant de données existentielles desquelles naissent une angoisse existentielle à laquelle chacun est confronté et que chacun tente de juguler à sa manière.

Et s'il en était, un peu, de même pour nous qui cherchons, avec une meilleure connaissance du cycle de contact, les clés de compréhension de nous même, de la relation aux autres, de notre bonheur  ? ...

En ce qui concerne la représentation de la théorie du self par la courbe de Gauss, nous comprenons bien que la variabilité des interactions humaines, bien qu'effectivement aléatoire ... à 1ère vue tout du moins ...  empêche une répétition, que l'on pourrait imaginer identique. Effectivement, comment la répétition pourrait-elle être exactement la même (tel un lancer de dé répété par la même personne avec le même dé) alors que nous sommes tous, au moins un petit peu, différents à chaque instant de notre vie, tout comme l'autre l'est également ? (même si cette prise de conscience ne nous saute pas aux yeux en permanence). Cette impermanence, de nos états émotionnels, pensées, sensations font partie de l'une de nos grandes difficultés d'être vivant ... même s'il en est heureux ainsi car un organisme qui n'évolue pas, qui se fige, est un organisme voué, en général et plus rapidement que d'autre, à une mort certaine.

Derrière l'utilisation de cette courbe, pouvons-nous imaginer qu'une partie, plus moins influente, de chaque être humain désirerait, secrètement, que l'ensemble de ses interactions soit ainsi modélisable ... qu'avec une bonne recette, nos relations traversent ce plein contact, cette complétude mutuelle de nos besoins part l'autre, avec l'autre et que nous arrêtions de butter douloureusement, à mainte répétitions, en pré-contact, à la mise en contact et subir (vous le verrez prochainement) un post-contact d'autant plus laborieux ou impossible que la satisfaction de notre émergence n'aura pas trouvé sa complétude avec son environnement?

Je laisse la question ouverte ...

Photo prise par Simon Matzinger


LE PLEIN CONTACT

 

 ... est assez simple à comprendre ... pas toujours à atteindre.

J'agis dans et me laisse agir par mon environnement dans une co-création permettant la complétude de mon besoin.

Pour vous donner un exemple, l'envie émerge dans ma fonction ça de partager un moment de convivialité autour d'un repas (je suis là en phase de pré-contact) et j'imagine proposer un restaurant à un.e ami.e. J'appelle cet.te ami.e pour lui soumettre mon idée (je mobilise ici ma fonction JE dans la phase de mise en contact). Nous échangeons et cet.te ami.e souhaite également partager ce moment de convivialité mais ne souhaite pas aller au restaurant. En en discutant, nous décidons, finalement, de nous retrouver pour préparer et partager ensemble un repas chez l'un.e ou chez l'autre.

J'ai agi sur mon environnement en lui partageant mon envie puis je me suis laissée.e agir par cet environnement en réceptionnant ses limites. Une nouvelle proposition s'est co-créée. La co-création est la phase du plein contact. Aucune fonction ne lui est associée, comme la fonction ça peut l'être, préférentiellement, à la phase de pré-contac, la fonction JE à la phase de mise en contact et la fonction personnalité à la phase de post-contact..

(peut-être parce que, je peux imaginer, que les autres fonctions y sont mobilisées en même temps dans l'interaction pleine avec l'environnement).

LA RESISTANCE EGOTIQUE AU CONTACT

 

Il faut bien lire égotique et non égoïste. Nous retrouvons "égo" dans ces 2 mots mais cela s'arrête là.

Il s'agit par cette résistance de protéger son égo, au bon sens du terme, à savoir sa sensation d'intégrité, qui l'on se sent être.

Cette résistance vient rendre la frontière contact avec l'autre plus étanche. C'est à la fois une façon pour s'assurer de la sécurité nécessaire avant de lâcher prise avec l'autre et aussi l'ultime résistance pour ne pas plonger, s'immerger dans le plein contact. C'est l'espace relationnel où je suis le.la plus ouvert.e à l'autre. Susceptible d'être "changé.e", nourrit par ce non moi qu'est l'autre par l'intermédiaire, à l'origine, de mon besoin ... ou de celui de l'autre.

Nul doute qu'après cette expérience, intime en quelque sorte, puisque l'autre entre en moi et j'entre en l'autre,  un temps de digestion sera nécessaire, en post-contact, pour recréer une intégrité nouvelle. Cela, si j'ai accepté, pu, souhaité me laisser transformer par ma rencontre avec l'autre.

 


travaux pratiques

1) "Intégrité", "agir", "me laisser agir", "m'immerger", "percevoir l'autre s'immerger".

Je vous propose de laisser ces mots résonner et raisonner en vous et d'écrire, de dessiner ou de réaliser un collage avec des feuilles de magasines sur les sensations, les émotions, les pensées qui vous traversent à ces évocations.

N'hésitez pas, si vous souhaitez partager votre expérience, à me transmettre vos mises en forme. Étant entendu que cela restera confidentiel.

2) Puis regardez-vous vivre avec l'autre et ressentez comment vit cette résistance en vous.

Est-elle très présente, peu présente ?

Etes vous plutôt de style à vous laisser agir ou à agir ?

Parfois aimeriez-vous que cette résistance soit plus, ou moins, présente ?

Parfois aimeriez-vous être plus actif dans la relation ou l'être moins et vous laissez plus toucher par le monde de l'autre ?

Qu'est-ce qui vous empêche que la qualité de cette résistance soit plus souple ?

Pouvez-vous faire le plus petit pas possible pour qu'elle le soit un peu plus,le  en fonction de ce qui vous semblerait plus juste pour vous ?

Quel serez ce plus petit pas?

... essayez et regardez ce que cela change en vous, pour l'autre.

 

Beau voyage, je reste disponible ici si vous souhaitez m'en envoyer une carte postale ou un roman.


 

Et n'oubliez pas, pour vous ou vos proches,

 

Si vous lisez ce post alors que la pandémie de COVID-19 nous impacte encore, sachez que la ff2p, fédération française de psychothérapeutes, a mis en place une

plateforme de soutien téléphonique et en visio-conférence gratuite

pour les personnes rencontrant des souffrances en ce temps de confinement et

pour les professionnels de l'aide et du soin

afin de prévenir l'apparition des troubles anxieux et des burn-out professionnels.

 

Vous pouvez trouver plus d'informations ici